Paysages orientés
Paysages orientés est un projet qui s’intéresse au rapport que l’Homme entretient au paysage par l’intermédiaire des belvédères.
Greffées au paysage, ces infrastructures sont les témoins d’une époque où le tourisme se démocratise. Rendus plus accessibles, ces paysages suscitent de nouveaux désirs de consommation et de nouvelles possibilités de création. Ces belvédères sont nommés « points de vue », « panoramas » et sont même référencés par un langage cartographique clair, précis. Ils offrent au spectateur la possibilité d’une rencontre intime avec un paysage qui célèbre un « beau » véritable.
Le belvédère place le spectateur dans une position de surplomb et consacre la domination d’un décor par la vue. Dans ce lieu, chacun chemine vers le paysage tout en étant orienté, tout en s’y orientant ; le sentier et le parcours permettent de se déplacer afin d’ajuster le regard. Là, le visiteur semble être coupé du paysage, lointain et séparé par ces garde-corps qui l’empêchent d’y prendre part. Le regard pourrait être la seule possibilité de fuite, de plongeon et d’inclusion au paysage.
Dans ce lieu qui amène au paysage se jouent différentes saynètes, allant de l’engagement corporel jusqu’à l’oubli du lieu, pour tenter, enfin, de se fondre au paysage. La limite du garde-corps permet-elle de se protéger de l’imprégnation du paysage, de s’en prémunir ? Comment le touriste s’affranchit-il de ces contraintes ? La relation que le visiteur entretient avec le belvédère semble être engendrée par la recherche d’émotion et d’esthétisme ; elle résonne peut-être comme une promesse de renouvellement, telle une quête d’ordre identitaire.