L'eau qui dort
Est-ce qu’existent, à l’intérieur de chacun.e, des gestes repliés ? Est-ce que les corps qui subissent le monde replient des gestes en eux, comme une protection ? Est-ce que faire-avec celles et ceux que ces gestes habitent permet d'entamer un dépli ensemble ? De créer des œuvres à partir de ces gestes ?
L’eau qui dort, c’est l’eau que l'on a tort de ne pas considérer comme dangereuse, tempétueuse, vivante. C’est celle dans laquelle on jette des cailloux sans se dire qu’elle se réveillera bientôt.
L'eau qui dort, c'est celles et ceux dont le corps subit les contraintes de production, d'exclusion, de mise à l'écart. Ce sont les personnes prostituées, les jeunes des quartiers qui s'embrasent, les fous et folles que l'on enferme, les ouvrièr.e.s qui ont des soucis psychosomatiques, les SDF, les toxicomanes, les innombrables invisibilisé.e.s qui restent sous les radars.
L’eau qui dort prend racine dans ces postures imposées, subies consciemment ou non. Comment le corps ploie-t-il sous les contraintes ? Comment les oppressions vécues entament-elles le corps ? Quelles traces laissent-elles ? Le corps peut-il reprendre possession de sa liberté, peut-il se déplier par la création ?